Hommage à tous les enfants en garde d’urgence
Ce matin était un lundi matin totalement différent des autres…Mes enfants allaient intégrer le service de garde scolaire d’urgence pour la première fois.
Étant intervenante sociale dans le réseau de la santé aux services désignés essentiels, j’ai le privilège d’honorer ma profession selon l’essence même de son existence. Dans l’esprit de certains, c’est actuellement un avantage de ne pas être en chômage obligé alors que pour d’autres, il s’agit d’une occasion non souhaitable de se mettre à risque.
Force toutefois est d’admettre que la situation mondiale nous oblige tous à vivre et à gérer l’incertitude et le risque au jour le jour.
Évidemment sur le plan individuel, nous avons tous à différents niveaux nos propres enjeux. Les émotions que nous vivons, enfants ou adultes, sont bien réelles et personnelles faisant en sorte qu’il est très difficile de les argumenter peu importe notre âge et condition.
Les reconnaître d’abord puis les accueillir, les comprendre, leurs trouver une écoute à une oreille bienveillante sont la base pour mieux les gérer. Encore plus en temps de crise majeure.
Ce matin, ce fut le tour de mes enfants de réagir au défi social qui nous est imposé. Particulièrement, à mon plus jeune fils âgé de 8 ans.
Après une semaine à tenter d’expliquer et vulgariser la situation à mes deux jeunes fils, à péter doucement leur balloune que ce n’est pas si « cool » que ça peut laisser paraître de manquer d’école pour 2 semaines, à les sensibiliser à l’importance des mesures de prévention mises en place par le gouvernement, mesures qui devraient être appliquées de manière responsable de la même façon autant chez maman que chez papa. Insistant au passage sur l’application de la simple consigne de pas aller jouer dans les installations de parcs publiques, peu importe qu’ils soient sous la responsabilité de quel parent.
Malheureusement, de maintes contradictions d’une relation parentale déjà en souffrance par des valeurs complètement différentes, mon fils a finalement éclaté. Lui demander d’aller à une journée de service de garde d’urgence, dans un nouveau milieu, nouvelle personne avec aucun point de repère et sans parler de tout le climat social tendu que les enfants absorbent, tout cela était juste trop pour lui. Il a simplement éclaté.
Nos enfants « subissent » bien malgré nous, beaucoup de situation provoquée par nous, les adultes. On leur demande constamment de s’ajuster et on valorise haut et fort leur capacité d’adaptation. Dans plusieurs contextes, c’est un discours pouvant être tellement pratique pour ne pas se regarder soi-même quant à nos choix d’adultes.
En tant que mère monoparentale, je me trouve moi-même confrontée au choix inquiétant de mettre mes enfants en contact avec d’autres, malgré les excellentes mesures sanitaires appliquées.
Ce matin, j’ai donc simplement regardé mes enfants comme des héros. Au lieu d’être en mode « subir » et je me suis mise en mode de « contribution ».
Je leur ai rappeler ma fierté face à l’importance de leur collaboration et leur préciser comment ils étaient courageux d’accepter de venir au service de garde afin que je puisse aller faire mon travail « d’urgence ». Qu’ils contribuaient encore plus à leur manière, à protéger des vies comme le font des milliers d’autres enfants en prenant soin de se laver les mains et en participant aux mesures exceptionnelles d’hygiène.
Je n’ai pas de grandes alternatives dû à ma réalité. Quelle chance d’avoir une gestionnaire qui me permet d’adapter mon horaire de travail en tenant compte de mes responsabilités parentales faisant en sorte que j’impose le moins possible le service de garde d’urgence à mes enfants.
Malheureusement trop d’enfants sur notre terre vivent des expériences traumatisantes de guerre, d’extrême pauvreté, qui laisseront des empreintes à leur cheminement futur. Que des enfants comme les miens qui n’en sont qu’à leur première décennie de vie, apprivoisent toute l’importance qu’ils peuvent apporter à un mouvement social aussi déterminant que celui de ce moment est simplement d’une valeur extraordinaire dans leur propre développement.
Enfin, après avoir pris le temps d’accueillir toute cette charge émotive, mon fils m’a finalement dit : « Maman, grâce à tout ça, je pourrais savoir quoi faire moi aussi quand ça arrivera encore et je pourrai prendre de bonne décision comme M. Legault »
Merci à mes petits héros adorés et surtout, merci à tous les petits héros qui nous entourent.
Caroline Boutin
Actuellement temps plein au CISSS-Montérégie-Centre
Intervenante sociale diplômée
Conférencière et formatrice
Coach familial, certifiée NAC et praticienne PNL
Fondatrice de Parents Autrement
PARTAGER CET ARTICLE /